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Obscur bâtard d'un voyageur de passage et d'une souillon, Tressefouille n'a jamais connu que les cuisines du Duc des Arrache-pieds. Il sent l'ail, les légumes bouillis et la venaison. Avec une pointe de cumin et de gingembre. En cuisines, on se moque souvent de ce grand échalas trop maigre et couvert de taches de son, de ses cheveux roux dressés sur la tête. Alors il se réfugie dans son monde à lui. Il grimpe la nuit sur les toits du palais et parle aux gargouilles silencieuses. Ce sont ses amies, confidentes.
Obscur bâtard d'un voyageur de passage et d'une souillon, Tressefouille n'a jamais connu que les cuisines du Duc des Arrache-pieds. Il sent l'ail, les légumes bouillis et la venaison. Avec une pointe de cumin et de gingembre. En cuisines, on se moque souvent de ce grand échalas trop maigre et couvert de taches de son, de ses cheveux roux dressés sur la tête. Alors il se réfugie dans son monde à lui. Il grimpe la nuit sur les toits du palais et parle aux gargouilles silencieuses. Ce sont ses amies, confidentes.


Le reste, tout ce qu'il sait, il le doit à la vieille et à l'aveugle. La vieille, c'est celle du marché. Peu importe si c'est une voleuse et une menteuse. Peu importe si elle boit comme un trou et si elle raconte n'importe quoi. Contre un guignon de pain, elle vous raconte toujours les mêmes histoires. Des histoires de chevaliers et de princesses, de méchants groins et de nobles quêtes. Tressefouille s'est laissé prendre à ses histoires, il l'a mise au coin du feu et lui a servi du vin. Des années durant, elle lui a farci la tête de ses contes. Jusqu’au jour où elle lui a servi cette épée, ce trésor. Une épée de prince ou de chevalier. "C'est la tienne", a-t-elle dit, "celle de ton père un preux Chevalier des Ombrages." Depuis Tressefouille s’entraîne en secret et épie les nobles de la cour pour être comme eux, droit et fier. La vieille veille sur lui, elle lui a dit, même si on l’a retrouvée un jour pendue, comme une malrêveuse.
Le reste, tout ce qu'il sait, il le doit à la vieille et à l'aveugle. La vieille, c'est celle du marché. Peu importe si c'est une voleuse et une menteuse. Peu importe si elle boit comme un trou et si elle raconte n'importe quoi. Contre un guignon de pain, elle vous raconte toujours les mêmes histoires. Des histoires de chevaliers et de princesses, de méchants groins et de nobles quêtes. Tressefouille s'est laissé prendre à ses histoires, il l'a mise au coin du feu et lui a servi du vin. Des années durant, elle lui a farci la tête de ses contes. Jusqu’au jour où elle lui a servi cette épée, ce trésor. Une épée de prince ou de chevalier. "C'est la tienne", a-t-elle dit, "celle de ton père un preux Chevalier des Ombrages." Depuis Tressefouille s'entraîne en secret et épie les nobles de la cour pour être comme eux, droit et fier. La vieille veille sur lui, elle lui a dit, même si on l’a retrouvée un jour pendue, comme une malrêveuse.


J'ai parlé de l'aveugle aussi, Jaldimons le Doucereux, l'ami et le conseiller du duc. C'est lui qui s'est intéressé à Tressefouille, un garçon vif doué d'une excellente mémoire. Jaldimons est aveugle et Tressefouille lui fait la lecture, il l'aide à discerner les herbes et les médecines, les bonnes comme les mauvaises. Au désespoir du vieux maître, Tressefouille n'est pas très assidu et n'a guère de talent pour le Haut-Rêve. C'est vrai qu'il est doué, qu'il retient tout très vite, mais c'est tout.
J'ai parlé de l'aveugle aussi, Jaldimons le Doucereux, l'ami et le conseiller du duc. C'est lui qui s'est intéressé à Tressefouille, un garçon vif doué d'une excellente mémoire. Jaldimons est aveugle et Tressefouille lui fait la lecture, il l'aide à discerner les herbes et les médecines, les bonnes comme les mauvaises. Au désespoir du vieux maître, Tressefouille n'est pas très assidu et n'a guère de talent pour le Haut-Rêve. C'est vrai qu'il est doué, qu'il retient tout très vite, mais c'est tout.

Dernière version du 17 avril 2007 à 14:05

Obscur bâtard d'un voyageur de passage et d'une souillon, Tressefouille n'a jamais connu que les cuisines du Duc des Arrache-pieds. Il sent l'ail, les légumes bouillis et la venaison. Avec une pointe de cumin et de gingembre. En cuisines, on se moque souvent de ce grand échalas trop maigre et couvert de taches de son, de ses cheveux roux dressés sur la tête. Alors il se réfugie dans son monde à lui. Il grimpe la nuit sur les toits du palais et parle aux gargouilles silencieuses. Ce sont ses amies, confidentes.

Le reste, tout ce qu'il sait, il le doit à la vieille et à l'aveugle. La vieille, c'est celle du marché. Peu importe si c'est une voleuse et une menteuse. Peu importe si elle boit comme un trou et si elle raconte n'importe quoi. Contre un guignon de pain, elle vous raconte toujours les mêmes histoires. Des histoires de chevaliers et de princesses, de méchants groins et de nobles quêtes. Tressefouille s'est laissé prendre à ses histoires, il l'a mise au coin du feu et lui a servi du vin. Des années durant, elle lui a farci la tête de ses contes. Jusqu’au jour où elle lui a servi cette épée, ce trésor. Une épée de prince ou de chevalier. "C'est la tienne", a-t-elle dit, "celle de ton père un preux Chevalier des Ombrages." Depuis Tressefouille s'entraîne en secret et épie les nobles de la cour pour être comme eux, droit et fier. La vieille veille sur lui, elle lui a dit, même si on l’a retrouvée un jour pendue, comme une malrêveuse.

J'ai parlé de l'aveugle aussi, Jaldimons le Doucereux, l'ami et le conseiller du duc. C'est lui qui s'est intéressé à Tressefouille, un garçon vif doué d'une excellente mémoire. Jaldimons est aveugle et Tressefouille lui fait la lecture, il l'aide à discerner les herbes et les médecines, les bonnes comme les mauvaises. Au désespoir du vieux maître, Tressefouille n'est pas très assidu et n'a guère de talent pour le Haut-Rêve. C'est vrai qu'il est doué, qu'il retient tout très vite, mais c'est tout.

Et puis un jour le duc a pris une nouvelle épouse, la treizième, une femme jeune, belle et ambitieuse, jalouse de l'influence paisible de Jaldimons sur le duc. Ce devait être un sorcier ou un nécromant pour avoir tant d'influence et elle a persuadé le grand conseil de le condamner à la pendaison. Jaldimons a cherché à fuir, c'est vrai qu'il est haut-rêvant. Alors il a provoqué une déchirure, intentionnellement peut-être. Toute sa grand bibliothèque s'y est engouffrée avec lui et Tressefouille qui était venu le prévenir.

De l'autre côté, c'était peut-être pire. Une forêt marécageuse peuplée de créatures mauvaises et cruelles. Jaldimons n'a pas survécu, Tressefouille si.

Depuis il est Tressefouille le Vagabond dans son grand manteau puant avec ses bottes, son sac et ses gants. Avec sa grande épée aussi, bien trop grande pour lui.